Description
Sans Dada et le surréalisme, la création artistique ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui. Si il convient de nommer “avant-garde”, un groupe d’artistes stimulés par le désir d’élaborer une nouvelle perception sensorielle, ces artistes ont surtout enclenché une dialectique toujours en vigueur : l’interprétation du réel face à la psyché. L’intuition artistique et l’explication cognitive fonctionnent de pair et deviennent un vecteur de la création moderne.
Images doubles, potentielles, cachées ou accidentelles
D’une habileté redoutable, les artistes du XXème siècle s’ingénient à créer des œuvres dont les formes – suffisamment indéterminées et disparates – laissent au spectateur, l’initiative de l’interprétation.
Les voies pour parvenir à l’ambiguïté sont diverses : le déploiement de formes dans l’espace par le jeu d’assemblage incohérent, la combinaison de figures improbables, ou encore la superposition graphique mêlée à la transparence.
On parle d’images doubles, potentielles, cachées ou accidentelles, à partir du moment où “un aspect” de celles-ci est moins évident qu’un autre, mettant le spectateur au défi de le découvrir. La subjectivité du sujet est mise à l’épreuve face à des images qui “hésitent”. Au-delà de l’intention de l’artiste, le désir de dévoiler un sens face à la tentation du néant oscille, dans une volonté d’élever le potentiel expressif de son œuvre.
Une œuvre hybride
Tel un prestidigitateur, Frédéric BOUCHE fait jaillir de nouvelles images dans l’image.
Cette lithographie s’inscrit dans l’esprit du XXème siècle ; il utilise la technique de “l’image double”, dans laquelle il réunit deux identités dissemblables – la femme et le cheval – pour n’en créer qu’une seule.
L’artiste obtient une figure équivoque à partir de multiples formes enchâssées et articulées : les jambes se confondent, les têtes se multiplient et les corps s’entremêlent par le biais de lignes sinueuses et arrondies sur fond quadrillé. BOUCHE manie le trait pour obtenir – à partir de sphères évidées – une spirale de contrastes et de confusions.
BOUCHE évoque la figure du centaure, cette créature hybride mi-homme, mi-cheval, empruntée à la mythologie mésopotamienne. Apparentée à l’emblématique de la femme protéiforme et hypersexualisée, Frédéric BOUCHE illustre la prédiction du texte de Dalí :
” La femme deviendra spectrale par la désarticulation et la déformation de son anatomie. “
– Salvador DALI, Les nouvelles couleurs du sex-appeal spectral – n°5 de Minotaure – 1934.
Image double, œuvre apparentée
Hans BELLMER
Céphalopode – 1939
Gouache, aquarelle, crayon
49,5 x 46,5 cm
En 1946, Bellmer explique avoir exploré :
” les possibilités de décomposer et ensuite de recomposer “contre nature”, à tout hasard, le corps et les membres, de leur donner une place et une cohérence aussi imprévues que croyables, dont la surprise et la réalité dépasseraient pour ainsi dire l’imaginable. “
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