Description
Dali, créateur d’images
Salvador Dali possède une immense bibliothèque qui lui sert de réservoir à images. Dans ses ouvrages, il puise tout un vocabulaire de formes qu’il soumet aux mondes fertiles de son imagination.
Dali est curieux, Dali est universel. A 20 ans, il se lie avec Federico Garcia Lorca et Luis Buñuel. A 25 ans, il rejoint le mouvement surréaliste emmené par Breton et Eluard. C’est la rencontre avec Gala, qui marque un tournant dans sa vie. Plus tard, il voudra connaître Freud, Lacan et Warhol – qu’il rencontre en janvier 1964 à New York.
Dali est un pitre aux idées politiques douteuses, mais sa peinture est le fait d’un talent insigne, dans laquelle il combine la perfection technique et la minutie d’un art pictural classique, avec l’extraordinaire invention du mouvement surréaliste dont il est le héros le plus connu et le plus controversé. Certains puristes de l’art contemporain dénoncent son respect suranné des lois de la perspective et le réalisme ” bourgeois ” de ses représentations à la fois oniriques et hyperréalistes.
Dali comprend – avant Andy Warhol – la puissance ambigüe des médias contemporains et la séduction irrésistible de la célébrité, qu’il se ménage à intervalles réguliers. Ce technophile avant la lettre est passionné de publicité et d’audiovisuel. En jouant la dérision et la caricature, il retourne contre l’époque ses sortilèges les plus contestables. Les plus rétifs mettent en cause ses relations avec le pouvoir franquiste, avec lequel il commerce longtemps. Mais là encore, même si c’est involontaire, il nous fait réfléchir sur la trouble nature du surréalisme, qui est à juste titre horrifié par le franquisme, mais qui s’est étrangement jeté dans les bras de la révolution russe en oubliant sa nature dictatoriale. Mais c’est un mauvais critère : tout réactionnaire qu’il est, Dali explore à sa manière étincelante, les rêves et les cauchemars du XXème siècle.
Voila qui vaut bien le magnifique hommage qu’il consacre aux célébrités et aux figures politiques de son siècle.
L’art s’égare souvent en politique
Salvador Dali est un tissu de contradictions : artiste surréaliste, il n’admire que les peintres classiques, Velázquez en tête. Vedette de la Jet-Set, son génie créatif s’épanouit à Port Lligat. Marxiste dans sa jeunesse, il se rallie à Franco et devient marquis.
” Les préoccupations politiques ruinèrent l’activité surréaliste comme un cancer. “
– Salvador DALI, La Vie Secrète de Salvador Dali – 1979.
Dali affirme être ” par excellence apolitique et spirituellement monarchiste ” – (Ma Révolution Culturelle, 1968). Il ajoute sur ses années estudiantines ” Quant à moi, je parlerai sans cesse d’anarchie, de monarchie, m’efforçant de les marier, et parachevant la confusion générale “ – (La Vie Secrète de Salvador Dali, 1979).
Hormis durant sa jeunesse, Dali ne s’est jamais vraiment engagé politiquement, sauf à des fins opportunistes. Surnommé ” Avida Dollars “ – à partir de l’anagramme de son nom – par André Breton, Dali fait des opérations exclusivement financières dès 1935, encouragé par Gala. Il exécute de nombreux portraits d’aristocrates dépourvus de ressort dramatique. Il collabore avec des financiers, dont la chaîne Sheraton, pour laquelle il crée un night-club, ou des sociétés de fonderie. Installé aux Etats-Unis, il délaisse sa peinture pour la haute-couture, le cinéma, l’art de la mise en scène… Conscient que les Américains se soucient davantage d’utiliser son nom que ses créations, il exige d’encaisser un chèque avant chaque interview, tandis que des coups médiatiques assurent le succès de ses prestations.
André Breton ne supporte pas les calculs de Dali et juge rétrograde ses attraits pour la Renaissance et Pie XII. Sans doute a t’il du laisser croire à Breton qu’il possédait une âme de gauchiste pour rallier le surréalisme. Mais une fois intégré, Dali n’hésite pas à brandir des idées anti-humanitaires. Excédé par la pression des communistes pour qu’il adhère au parti, il leur répond par sa fascination pour Hitler. En réaction à ses pères, Dali n’adhère pas aux causes soutenues par les bourgeois, il préfère embrasser le monarchisme plébiscité par l’aristocratie. Proche des républicains lors du coup d’état de Franco, il se rallie à la cause franquiste en 1939 et continue de la soutenir, notamment en approuvant les exécutions des opposants au régime perpétrées jusqu’en 1975.
Salvador Dali exécute cette gravure de JFK en 1968, cinq années après l’assassinat du président américain en 1963. Dali rend hommage à John Kennedy – respecté chez les républicains pour sa gestion de la crise des missiles soviétiques implantés à Cuba et son opposition à la construction du mur de Berlin – sans doute parce qu’il admirait l’homme et ses idées, suffisamment proches des siennes.
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