Description
Aucun autre poète français n’est autant attaché au coin de terre qui l’a vu naître qu’Alphonse de Lamartine.
« Je suis concitoyen de toute âme qui pense ; la vérité, c’est mon pays. »
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Alphonse passe son enfance dans la région de Mâcon ; après quelques années d’errance, il découvre l’écriture et épouse une carrière littéraire. D’une intensité propre aux êtres pensants, Lamartine livre les tourments et les souvenirs de son existence à travers une poésie intime ; il écrit ses plus beaux vers en 1820, accablé par la mort tragique de sa fille Julie.
Le poète se retire à Milly en Bourgogne, dans « une complète solitude et un isolement total » sans pouvoir surmonter sa douleur.
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« Souvent, sur la montagne, à l’ombre du vieux chêne,
Au coucher du soleil, tristement je m’assieds ;
Je promène au hasard mes regards sur la plaine,
Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.
Ici gronde le fleuve aux vagues écumantes ;
Il serpente, et s’enfonce en un lointain obscur ;
Là le lac immobile étend ses eaux dormantes
Où l’étoile du soir se lève dans l’azur. (…)
Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières,
Vains objets dont pour moi le charme est envolé ?
Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
Un seul être vous manque et tout est dépeuplé ! (…) »
Alphonse de Lamartine – « L’Isolement », 1818 – Méditations poétiques, 1820.
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Alphonse de Lamartine entre à l’Académie Française en 1829 et se lance dans le même temps en politique aux côtés des monarchistes de juillet en 1830. Il se rallie à la République en 1848, mais l’échec retentissant aux élections présidentielles met définitivement fin à sa carrière.
Lorsqu’il abandonne ses habits de politicien, Lamartine reprend sa plume de poète lyrique aux élans exacerbés, s’inspirant de ses amours déchus.
Homme de lettres admiré de son vivant, Alphonse de Lamartine laisse derrière lui une œuvre lyrique, témoin de l’esprit de l’homme romantique.
Désargenté et oublié de tous, il meurt à Paris en 1869.
Le Portrait comme Privilège
Le jus imaginum – « le droit à l’image » – est une loi du droit romain qui accorde aux seuls descendants de familles patriciennes, le droit d’exposer les portraits de leurs ancêtres dans l’atrium de leurs maisons, à l’occasion des cérémonies funéraires. Ce privilège dure jusqu’à l’admission des plébéiens aux magistratures ordinaires. Au cours de l’histoire, le droit au portrait est réservé au cercle étroit des élites politiques, religieuses et sociales. Prérogative prestigieuse de celui qui a marqué l’histoire et conquis le droit à la renommée, le portrait est à la fois la démonstration du pouvoir et l’instrument de son exercice. Après les souverains et les chefs militaires, les grandes figures de la culture deviennent une catégorie privilégiée.
Hommes de Lettres & Artistes
La position particulière de « l’intellectuel » dans nombre des sociétés se manifeste aussi dans le portrait. Les hommes de lettres se trouvent parmi les personnalités illustres qui en bénéficient précocement. En Grèce, des statues sont consacrées aux poètes, aux orateurs et aux philosophes – et leurs copies deviennent à Rome, les icônes du culte voué à la culture hellénique. Dans l’Antiquité, le portrait des hommes de lettres s’expose dans les lieux qui conservent leurs œuvres, les bibliothèques. Cet usage est repris dans les cabinets de travail des humanistes, sous forme de buste ou de tableaux. Les écrivains et les poètes figurent très tôt dans le cercle des hommes illustres. Dante (1265-1321), Pétrarque (1304-1374) et Boccace (1313-1375) apparaissent dans des fresques du XVème siècle à Florence.
Portrait d’Alphonse de Lamartine
Il pourrait bien être un échange de sonnets entre le poète et le spectateur…
Au-delà d’exprimer un tempérament, ce portrait exprime sa vie ; nous percevons les qualités de l’homme politique – son vêtement souligne la grandeur et la respectabilité – et l’intimité de l’homme romantique – le regard profond, la réserve de l’attitude et la grâce de la pose.
Elément à la fois de séparation et de liaison entre l’image et le spectateur, le cadre contribue à la présentation solennelle du personnage. Ici, l‘artiste élimine tout attribut héroïque et le cadrage du buste, en dessous des épaules, concentre l’attention sur la tenue et l’expression. D’une présence aérienne, Lamartine semble pénétrer l’espace et se révèle telle une apparition divine, ce qui accroît la valeur symbolique de son image.
L’impression de constance est due à l’orientation alignée du buste, de la tête et des yeux ; le regard lointain, le sujet semble se détacher de toute temporalité pour l’éternité.
Un mélange de vérité et d’artifice imprègne l’image, depuis le traitement de l’ambiance à l’élégance de son sujet. De même, la sobriété des nuances et la subtilité de l’atmosphère confèrent le raffinement.
Dédicacée et signée de la main du poète, la valeur de cette gravure est d’une grande singularité.
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Si la musique est la poésie des sons, la peinture est la poésie des yeux…
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« Objets inanimés, avez-vous donc une âme qui s’attache à notre âme et la force d’aimer. »
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