Description
Grâce & Atmosphère
Si les peintres de la Première Renaissance dépeignent une image claire et ordonnée, ceux de la Haute Renaissance montrent la perfection idéalisée, tempérée par la grâce de l’atmosphère. La perspective linéaire devient peu à peu aérienne, invitant le spectateur aux ambiances observées à l’époque romaine. La composition pyramidale est privilégiée, dévoilant le lyrisme d’un arrière-plan mystérieux.
La Haute Renaissance se situe entre les années 1500 et 1530. L’évolution vers le style de cette période apparaît toutefois chez Léonard de Vinci (1452-1519) avant 1500, puis chez Fra Bartolomeo (1472-1517) – le principal peintre de la Haute Renaissance à Florence – après le départ de Léonard, de Michel-Ange (1475-1564) et de Raphaël (1483-1520). Il est certain que Marc-Antonio Franciabigio (1483-1524) ait été influencé par les fresques sereines et harmonieuses de ces peintres “divins”.
Raphaël – L’Ecole d’Athènes, 1508/1512 – 440 x 770 cm – Palais du Vatican, Chambre de la Signature, Rome
Marc-Antonio Franciabigio & l’Ecole Florentine
Marc-Antonio est né à Florence en 1483. Il s’initie auprès d’Albertinelli (1) avant d’installer son atelier partagé avec le peintre Andrea del Sarto (1486-1530), sur la Piazza del Grano. Habile dans la réalisation des fresques, il peint le Mariage de la Vierge en 1513 ; s’en suit la réalisation de la fresque du cénacle au couvent de Santa Maria di Candeli et au couvent de Calza à Florence. Attentif à l’exactitude et à la perspective, Franciabigio excelle dans le genre et réalise plusieurs fresques à Florence, en collaboration avec son ami Andrea del Sarto.
Marc-Antonio Franciabigio – Mariage de la Vierge, 1513 – 385 x 321 cm – Cloître de Serment, Basilique de l’Annonciation, Florence
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Franciabigio célèbre le mariage de la Vierge Marie et de Saint-Joseph ; il organise l’espace dans un décor symétrique et traditionnel – une avant-scène centrée sur le prêtre et des personnages parsemés le long des diagonales – mêlant les hommes aux femmes.
Un homme brise son bâton au sol, un autre lève le poing ; serait-ce la colère des prétendants éconduits ?
La fresque de Franciabigio est animée par la même monumentalité et par la même solennité que les fresques réalisées par Raphaël dans les quatre chambres – Stanze di Raffaello – du Palais du Vatican, dont l’Ecole d’Athènes.
Raphaël – Stanze di Raffaello – Palais du Vatican, Rome
Le Foyer Florentin
En 1436, le grand humaniste du Quattrocento Leon Battista Alberti (1404-1472), rédige à l’attention de l’artiste florentin Filippo Brunelleschi (1377-1446), la dédicace de son traité sur la peinture ; il commence en rappelant qu’il lui est arrivé par le passé de regretter les temps anciens, ces temps qui produisaient des génies tels que l’on n’en trouve plus, comme si la nature vieillissait et s’épuisait.
” Mais, poursuit Alberti, après que, du long exil dans lequel ma famille a vieilli, je suis rentré dans notre belle cité de Florence, j’ai compris que toi surtout, Filippo, mais aussi le sculpteur Donatello, notre ami très cher, Ghiberti, Luca della Robbia, Masaccio, vous êtes tous des esprits d’une ampleur qui n’a rien à envier à celle des Anciens. “
Florence au temps des Médicis, XVème siècle
Florence est sans contredit le centre de la Renaissance européenne dès le XVème siècle. Les Médicis participent aux projets artistiques qui façonnent la ville telle que nous la connaissons aujourd’hui. L’essentiel des réalisations consiste à édifier de nouvelles basiliques, à tracer de nouvelles rues et à créer des quartiers entiers. La décoration à fresque devient le genre pictural prisé des artistes de la Haute Renaissance, qui place l’Homme et ses accomplissements au cœur de son existence.
La conception de l’Homme comme mesure de toute chose s’étend à tous les arts plastiques. Les artistes partagent cette philosophie humaniste, offrant une vision exaltante de Dieu et de l’Humanité.
Dans ce contexte, l’Ecole Florentine, en rupture avec le goût byzantin et le mode d’expression gothique, participe largement à la naissance d’un renouveau artistique, sous l’élan protecteur du mécénat des Médicis qui subventionnent les artistes et leurs créations.
Pour certains historiens de l’art, Florence symbolise la Renaissance, initiée par l’emblématique Giotto (1266-1337), maître du renouvellement de la peinture occidentale. Pour d’autres, l’essor de ce vaste renouveau est la somme des nombreux échanges entre les grandes capitales italiennes – Rome, Venise, Naples et Milan.
Au XVIème siècle, l’Ecole Florentine rayonne de ses nombreuses découvertes telles que la marqueterie (2) ; au XXIème siècle, elle continue de briller à travers des institutions comme l’Académie du Dessin de Florence, créée en 1563 par l’artiste toscan Giorgio Vasari (1511-1574), dont les présidents furent Michel-Ange, Titien (1488-1576) et le Tintoret (1518-1594).
Composition
La composition majestueuse présente une clarté et une cadence extraordinaire. Dans un cadre architectural classique, les personnages rassemblés en groupes dynamiques discutent tels des savants de l’Antiquité réunis sur l’Agora.
Les personnages animés sont agencés sur un rythme mélodieux, selon lequel la perspective devient le chef d’orchestre d’une peinture qui attire l’œil vers les conversations mussées au second plan.
L’œuvre de Franciabigio conjugue l’harmonie des compositions de Raphaël à la monumentalité de celles de Michel-Ange, grâce à la délicate subtilité du Sfumato (3) de Vinci. Elle possède l’élégance rare et imposante des toiles de maîtres.
Notes :
1- Mariotto di Bigio di Bindo Albertinelli, (1474-1515), est un peintre florentin de la Haute Renaissance, souvent cité avec Fra Bartolomeo et influencé par Raphaël.
2- La marqueterie est un assemblage décoratif de pièces en bois précieux, appliqué sur un fond de menuiserie. L’ivoire, la nacre et le marbre peuvent être également utilisés.
3- Le Sfumato – à la manière de la fumée – est une technique picturale à l’huile, élaborée par Léonard de Vinci. Les contours sont rendus plus ou moins flous par un manque délibéré de contraste entre les zones claires et sombres.
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