Description
” Trompeurs exquis et coquettes charmantes,
Cœurs tendres, mais affranchis du serment,
Nous devisons délicieusement. “
– Paul VERLAINE, A la promenade – 1869.
Comme Paul Verlaine en son temps, nous sommes aujourd’hui encore fascinés par la poésie qui se dégage de cette scène intime imprégnée de sérénité et teintée de douceur – à l’ombrage de grands arbres.
Cette œuvre s’inscrit dans un nouveau genre pictural apparu sous la Régence, qui séduit les plus grands amateurs d’art : des courtisanes qui se prélassent dans une nature paisible et qui s’abandonnent aux distractions légères.
Bien que ce genre ait été un phénomène capital dans l’art européen du XVIIIème siècle, il échappe à toute description précise. Pour causes, l’extraordinaire fluidité du style et l’absence de théorie.
Inspirée par la ligne de la Pastorale italienne – surtout vénitienne – et par les emprunts aux scènes rurales des peintres flamands et hollandais, l’harmonie entre l’homme et la nature est proposée dans un cadre idéal, libérée des conventions sociales et des tensions urbaines.
Honoré BOZE (1830-1909)

Honoré Boze est un artiste peintre orientaliste français, né à l’Ile Maurice d’une mère hindoue et d’un père provençal, des Bouches-du-Rhône. Il est le petit-neveu de Joseph Boze, célèbre portraitiste et pastelliste au XVIIIème siècle.
Tour à tour négociant, capitaine de navire et maire de Martigues, son père quitte la Provence pour rejoindre Paris. Le jeune Honoré découvre alors les expositions et les salons parisiens. Il se passionne pour l’orientalisme du peintre et écrivain Eugène Fromentin.
De retour en Provence, Honoré s’inscrit à l’Ecole des Beaux-Arts de Marseille et il suit les cours d’Emile Loubon – peintre français réputé pour ses paysages provinciaux.
Honoré Boze se marie avec une oranaise ; dès lors, ses voyages en Algérie deviennent une véritable source d’inspiration pour ses nombreuses toiles orientalistes.
En 1900, il est élu à l’Académie de Marseille et meurt en 1909, à l’âge de 78 ans.
L’Œuvre & sa composition
Si Honoré Boze s’inspire des Pastorales vénitiennes et flamandes des XVIème et XVIIème siècle, et de la peinture galante du XVIIIème siècle qui en découle, il transforme ces scènes champêtres en séquence raffinée au charme intemporel.
Sous son pinceau subtil, les plaisirs futiles se parent d’une imparable délicatesse. Dans cette scène, Boze invite le spectateur au cœur d’un tableau enchanteur, dont l’atmosphère intime et légère ressuscite les plaisirs insouciants de jeunes gens disposés à la flânerie.
Honoré Boze privilégie la grâce et l’élégance dans une peinture sensuelle qui révèle la femme dans sa nudité, oscillant entre pudeur et érotisme discret, tout en exaltant sa beauté.
Ces éléments génèrent l’harmonie, sans pour autant en constituer un récit. Les Trois Amies au Ruisseau sont intrigantes, car elles ne nous donnent que peu d’indices sur les liens qui les unissent, ni sur la réalité sociale de leur environnement. La lumière est diffuse, les apparences policées et les relations imprécises.
Lascives et quelque peu nonchalantes, le langage corporel de ces jeunes filles suggère le plaisir d’une conversation, dans un style charmant d’une grande modernité artistique.
Avis
Il n’y a pas encore d’avis.