Description
Mariage Mystique de Sainte-Catherine
« L’intensité de la lumière et de l’ombre apporte au visage énormément de relief… et de beauté. »
Léonard de Vinci (1452-1519), dans Traité de la Peinture.
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Trois styles dominent l’art européen du XVIIème au XVIIIème siècle : le Baroque, le Rococo et le Néoclassicisme se mêlent et se chevauchent, même si le Baroque insémine largement le XVIIème siècle. Audacieux et théâtral, il se caractérise par le mouvement, l’intensité des émotions et les puissants contrastes d’éclairage.
Le Baroque « religieux » naît à Rome sous le pinceau du Caravage (1571-1610) et d’Annibal Carrache (1560-1609) pour glorifier le pouvoir de l’Eglise catholique face à la Réforme protestante. Sa sensibilité s’accorde à merveille avec l’expression de la ferveur religieuse des pays catholiques et elle se diffuse rapidement en Espagne, en France et au Portugal. Le style devient également le symbole de la grandeur et du pouvoir des monarques – de Louis XIV en France et de Charles Ier en Angleterre – les plus grands amateurs d’art parmi les souverains de l’époque.
Face à la menace protestante, l’Eglise prend conscience plus que jamais du pouvoir de propagande de l’art. Elle édicte les directives officielles destinées aux artistes, qui encouragent à la création d’œuvres réalistes et accessibles. Même si la religion fournit l’essentiel de l’inspiration artistique dans la plupart des pays européens, d’autres sujets acquièrent une considération croissante, tels les portraits, les paysages et les scènes de genre allégoriques, mythologiques ou mystiques.
Le Caravage – La Crucifixion de Saint-Pierre, 1601 – Eglise Santa Maria del Popolo Rome, Italie
Ecole Italienne du XVIIème siècle
Depuis la Renaissance, l’Italie domine la scène artistique européenne et reste incontestablement le foyer des plus belles innovations. Rome, Florence et Venise rivalisent de créativité et les influences ne tardent pas à se faire sentir.

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Vers 1600, Le Caravage et Annibal Carrache posent les fondements d’un nouveau style, lequel abandonne les conventions du Maniérisme au profit d’une vitalité naissante.
Chargé d’un regain d’énergie et d’une flambée créative, le Baroque emprunte la splendeur et la dignité à la Haute Renaissance – la sensibilité et le sens du mouvement au Maniérisme – pour les fusionner en une synthèse dynamique.
Les peintres et les sculpteurs venus de toute l’Europe affluent particulièrement à Rome pour étudier l’art de l’Antiquité et de la Renaissance, mais également pour trouver un travail pérenne. Prospère et en pleine expansion, Rome a constamment besoin d’artistes pour décorer les nouvelles églises et les palais. Aucune autre ville ne baigne dans un tel esprit d’émulation artistique ; certains artistes s’y installent, tandis que d’autres retournent dans leur pays pour répandre la connaissance du style baroque.
Mariage Mystique de Sainte-Catherine
Le thème du mariage mystique des saintes est une source d’inspiration pour les peintres chrétiens ; répandu à la Renaissance italienne, il est imprégné par les influences de Mantegna (1431-1506), de Raphaël (1483-1520) et de Léonard de Vinci (1452-1519).
En 1479, le peintre flamand Hans Memling (1430-1494) peint un triptyque du Mariage Mystique de Sainte-Catherine avec l’Enfant Jésus. Vers 1510, Le Corrège (1489-1534) et le peintre toscan Fra Bartolomeo (1472-1517) peignent également la scène. Quant à Parmesan (1503-1540), il la représente à quatre reprises – en 1521, 1524, 1525 et 1528.
Le Corrège – Mariage Mystique de Sainte-Catherine d’Alexandrie et Saints, 1510 – Huile sur toile – 29 x 22 cm
National Gallery of Art, Washington, Etats-Unis
Hans Memling
Mariage Mystique de Sainte-Catherine avec l’Enfant Jésus
(panneau central du triptyque)
1479
Huile sur panneau – 172 x 172 cm
Musée Saint-Jean de Bruges, Belgique
Le Mariage Mystique de Sainte-Catherine est l’élévation mystérieuse d’une sainte vers une forme d’union avec le Christ, semblable à un mariage. Il s’agit par essence d’un évènement purement virtuel qui a pris au fil des siècles et des représentations, des formes différentes quant aux lieux et aux témoins de la scène.
L’Œuvre & Sa Composition
Le Mariage Mystique de Sainte-Catherine s’inscrit dans la campagne menée par le Clergé catholique pour réaffirmer son autorité battue en brèche par l’expansion du protestantisme. La scène est un appel direct au cœur et à l’esprit du fidèle, dont la foi est fortifiée par l’image de l’Enfant Jésus, de Marie et de Sainte-Catherine. Le ton extrêmement émotionnel submerge le spectateur d’un sentiment de passion spirituelle.
Marie, l’Enfant Jésus et Sainte-Catherine occupent le premier plan ; Saint-Sébastien ferme la composition à l’arrière-plan. Selon l’hagiographie chrétienne (1), Catherine serait née vers 290 de notre ère, dans une famille noble d’Alexandrie en Egypte. Dotée d’une grande intelligence, elle acquiert rapidement des connaissances qui la placent au niveau des plus grands poètes et philosophes du moment. Une nuit, elle voit en songe le Christ et décide de lui consacrer sa vie, se considérant comme sa fiancée.
Le génie du peintre est unique : son savant modelé des personnages obtenu grâce aux « contrastes dégradés » d’ombre et de lumière est issu des œuvres de ses prédécesseurs de la Renaissance italienne et nordique. La clarté naturelle semble émaner de l’Enfant Jésus.
Les couleurs assourdies sont bercées de lumière ; elles répondent parfaitement au nouveau type de réalisme sombre du style baroque. Chaque personnage de la scène est harmonieusement représenté par une présence physique écrasante, dans une douce atmosphère. Les formes sont déliées, les expressions des visages délicatement inclinés sont gracieuses.
D’une élégance singulière et d’une grande poésie, cette toile offre le raffinement du Maniérisme et la suave atmosphère du Baroque.
Note :
1- Biographie de la vie d’un Saint.
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