Description
L’art du portrait
Présent dès l’Antiquité, le portrait s’épanouit en Flandre et en Italie à partir de 1425. Privilégiant tantôt la ressemblance physique tantôt la psychologie du modèle, il traverse – de face, de trois quarts, ou de profil – l’histoire de la peinture occidentale.
Essentiel au XVème siècle, le portrait gagne en intensité quant au réalisme des chairs, des attitudes et des gestes, grâce au progrès de la technique à l’huile. La sociologie des modèles se diversifie, tandis que la psychologie s’explore.
L’art du portrait se codifie sous l’influence de Léonard de Vinci et Titien : les bustes se redressent, les mains se croisent et les visages s’insèrent entre drapé et colonne – histoire de majesté. Deux tendances cohabitent dans l’Europe du XVIème siècle : un courant italianisant et un autre nordique, plus réaliste. Le portrait se concentre sur les personnalités politiques, religieuses et sociales les plus éminentes et mettent en valeur – bien plus que les traits individuels – les insignes du pouvoir et des dignités. C’est ainsi qu’à Rome, les sulfureux Borgia utilisent le portrait à la gloire de leur blason et chacun d’eux sont une conquête ; Rubens et Van Dyck le monumentalise en donnant au portrait royal une dimension internationale ; dans un genre somptueux, les portraits de Velázquez sont une hymne à la Couronne d’Espagne ; quant à Madame Vigée Le Brun, elle devient la portraitiste attitrée de Marie-Antoinette, offrant des portraits aussi précieux que sa souveraine. Au XVIIIème siècle, chaque portraitiste des cours d’Europe célèbre le faste et l’opulence de ses modèles par des portraits en pied aux décors raffinés.
Plus tard, si l’avènement de la photographie au XIXème siècle provoque une crise du genre, tous les artistes s’adaptent en fonction de leur esthétique – plein air – synthétisme – divisionnisme. Parmi eux, Ingres demeure le portraitiste du siècle, recréant idéalement la bourgeoisie de son temps. Il en sera de même pour Degas, qui modernise le genre par l’acuité de son sens de l’observation et sa faculté à saisir le modèle dans son environnement le plus familier.
Ecole Française du XIXème siècle
Même si le XIXème siècle est dominé par le Romantisme, l’émotion et l’individualité, les peintres adoptent une peinture minutieusement détaillée qui s’inspire du rationalisme et de l’ordre du Néoclassicisme. Le Réalisme s’attache au monde contemporain, et cherche à traduire une réalité pure et simple de la vie rurale mais aussi urbaine. A travers l’utilisation du portrait, les artistes explorent la réalité intérieure, délaissent l’extérieure.
Portrait de Louis Patenotre
” L’essence du Réalisme est la négation de l’idéal… L’expression de la beauté est en rapport direct avec la puissance de conception de l’artiste. “
– Gustave COURBET.
Portraituré de face, buste cadré, Louis Patrenotre regarde le spectateur dans les yeux, selon un mode de représentation répandu chez Holbein le Jeune ; cette approche classique de face – archétype du portrait en Angleterre – rappelle également le modèle florentin, qui montre le buste dans un style linéaire.
L’effet produit par le modelé des traits de visage – que la lumière détache vivement d’une obscure ambiance – contraste particulièrement avec le ténébrisme de la toile. A la manière des peintres Hollandais, l’artiste insiste sur la valeur bourgeoise de son modèle par un sombre arrangement monochrome.
La position sociale et la sûreté de soi du personnage s’expriment avec grande efficacité, dans la simplicité de la mise en page du portrait. Le regard soutenu exprime un tempérament quasi monastique qui semble établir une relation ” solennelle ” avec le spectateur.
D’une main virtuose, le peintre sonde son sujet à tel point que sa peinture lui octroie une individualité. Il pousse la véracité du rendu telle une photographie. A l’aide d’un fond neutre confondu, d’inspiration Néoclassique, l’artiste insuffle une attitude magistrale à son personnage, dont l’expression souple et naturelle lui confère un attachement certain, mystérieusement fascinant.
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