Description
La peinture de genre
L’importance donnée à la réalité domestique, rurale et urbaine commence à gagner l’art lorsque celui-ci représente des personnages affairés à leurs besognes journalières. Désignant la représentation de scènes du quotidien, la peinture de genre appartient avec le paysage et la nature morte aux ” genres mineurs ” dans la hiérarchie académique du XVIIème siècle. L’introduction du quotidien en peinture remonte en réalité au XIVème siècle, lorsque les artistes toscans transposent les grands épisodes religieux, et que les enlumineurs français et flamands célèbrent la diversité des activités humaines dans leurs ouvrages.
Au XVIème siècle, le peinture de genre prend son autonomie avec l’apparition de thèmes moralisants, religieux et allégoriques. Ce siècle voit Pierre Bruegel devenir l’interprète d’une réalité paysanne qui ne se borne plus aux travaux des champs, grâce aux kermesses et aux noces désormais intégrées à son répertoire.
Au XVIIème siècle, les frères Le Nain permettent aux paysans d’accéder à une grandeur classique – jusqu’alors refusée – tandis que Georges de La Tour brouille les frontières entre religieux et profane en conférant à ses représentations du quotidien, une dimension sacrée. En Hollande et en Flandre, l’engouement de la bourgeoisie pour les petits formats de la scène de genre conduit Hals et Teniers – puis plusieurs générations de petits maîtres – à privilégier cette production faite de tavernes, d’auberges ou de scènes campagnardes. Sous l’impulsion de Vermeer, se dessine en Hollande une autre tendance fondée sur le silence d’une vie intérieure et domestique baignée de lumières douces, tandis que le ténébrisme espagnol s’inspire de la littérature picaresque pour représenter le peuple, à travers ses petits métiers ou ses nécessiteux.
Sergueï VINOGRADOV
Sergueï Arsenievitch VINOGRADOV naît en 1869 au nord-est de Moscou et meurt en 1938 à Riga en Lettonie. Il étudie à l’Ecole de peinture, de sculpture et d’architecture de Moscou de 1880 à 1889, où il fréquente Sorokine, Makovski et Polenov, élèves de sa classe. Il reçoit son diplôme d’artiste en 1888 et étudie alors à l’atelier de Boris Willewalde et de Carl Wenig à l’Académie des Beaux-Arts de St Pétersbourg. En 1903, il fonde la Société des Artistes Russes et devient membre de la Compagnie des peintres ambulants. Ce terme est donné au mouvement réaliste qui apparaît en Russie en 1863, en réaction à l’enseignement des Beaux-Arts de St Pétersbourg.
De 1898 à 1913, il enseigne à l’Académie Stroganov de Moscou où il est nommé académicien en 1912. Pendant la guerre, il est l’auteur de plusieurs affiches de secours pour la Croix-Rouge et parvient à émigrer en Lettonie en 1920, où il se met à enseigner. Il expose ses œuvres à Düsseldorf, Paris, Berlin, Munich, Prague, New-York et Riga.
L’œuvre & sa composition
L’iconographie paysanne est un des thèmes importants de la peinture nordique, mais pas seulement. Alors que certains développent ce sujet sur un mode parodique, dans lequel les paysans sont assimilés à des personnages immoraux, ne pouvant se livrer qu’à des actes grossiers, il n’en ait rien pour Sergueï VINOGRADOV. Sa toile porte un regard humaniste et réaliste sur le monde rural. S’il représente les paysannes en toute simplicité à l’heure du déjeuner, il n’en demeure pas moins bienveillant envers son sujet. Les paysannes ont beau se laisser aller au plaisir d’une pause – dans une ambiance douce et paisible précédant leur labeur quotidien – elles n’en sont pas moins blâmées, car chacun de nous connaît la rudesse du monde rural. Actrices à part entière sur la scène de la nature, ces paysannes appartiennent à l’harmonie et à l’ordre naturel de la vie et de ses modestes plaisirs.
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